Reporting Matters 2025 : L'information sur le développement durable passe de la conformité à la stratégie

Le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD) a publié la 13e édition de Reporting Matters, intitulée "Embedding Change, Accelerating Impact" (Intégrer le changement, accélérer l'impact) Le rapport met en évidence un changement fondamental dans les rapports sur le développement durable des entreprises, en les positionnant comme un levier stratégique de transformation plutôt que comme un exercice de conformité.s'appuyant sur une analyse de 185 entreprises de premier plan, le rapport met en évidence la manière dont les cadres obligatoires tels que la directive de l'UE sur les rapports d'entreprise sur le développement durable (CSRD) et le Conseil international des normes de durabilité (ISSB) sont en train de remodeler les pratiques de divulgation. Près de la moitié des entreprises examinées s'alignent déjà sur les exigences de la CSRD, ce qui indique une évolution rapide vers des données normalisées et comparables.
Principales conclusions : L'alignement progresse, l'exécution est à la traîne

  • L'alignement obligatoire s'accélère. Environ 48 % des entreprises indiquent s'être alignées sur la CSRD ou s'y être préparées, ce qui prouve que le changement de réglementation dans l'UE influence déjà le comportement en matière de reporting à l'échelle mondiale.
  • Les rapports intégrés sont en hausse. Les rapports autonomes sur le développement durable ont diminué, passant de 62 % en 2023 à 54 % en 2025, et la part des rapports combinés ou intégrés a augmenté de 11 %, ce qui témoigne d'un lien plus étroit entre les informations financières et les informations sur le développement durable.
  • La double matérialité se généralise. 83 % des entreprises publient désormais une double évaluation de l'importance relative, contre 77 % l'année dernière, ce qui confirme que la double évaluation est devenue une norme mondiale, et non plus seulement une exigence de l'UE.
  • La stratégie est là, mais pas l'exécution. Si 92 % des rapports expliquent comment le développement durable s'inscrit dans la stratégie de l'entreprise, seuls 71 % fournissent une feuille de route claire, un plan opérationnel ou une quantification financière de l'impact du développement durable.
  • Les progrès en matière de gouvernance sont mitigés.
    • 66 % des rapports font état d'une expertise ou d'une formation en matière de développement durable au niveau du conseil d'administration.
    • 39 % indiquent que le conseil d'administration joue un rôle de supervision spécifique.
    • Cependant, le lien entre la rémunération des dirigeants et le développement durable a diminué de 4 % par rapport à l'année dernière, ce qui suggère que les mécanismes de responsabilité ne suivent pas le rythme.

Importance pour les praticiens
Les résultats renforcent une tendance plus large : les rapports ne servent plus simplement à répondre aux exigences en matière de divulgation. Il devient au contraire un outil permettant de favoriser l'alignement stratégique, la transformation opérationnelle et l'engagement de la chaîne de valeur.

  • La réglementation façonne les normes mondiales. Le CSRD et l'ISSB semblent accélérer la convergence autour de mesures, de contrôles et de processus cohérents.
  • Des rapports de grande qualité nécessitent des systèmes et non des récits. Les détails d'exécution limités, tels que les liens financiers, les indicateurs clés de performance et les plans de mise en œuvre, indiquent que de nombreuses entreprises ne disposent pas encore de l'infrastructure interne nécessaire pour produire des rapports crédibles sur la transition.
  • La gouvernance devient un facteur de différenciation. L'expertise, la responsabilité et les structures d'incitation du conseil d'administration signalent de plus en plus le sérieux des engagements d'une entreprise en matière de développement durable.

Implications pour les EMDE et les PME
Pour les marchés émergents et les petites entreprises, où les écosystèmes de reporting sur le développement durable sont moins matures, le rapport envoie des signaux clairs :

  • Il fauts'attendre à ce que les attentes augmentent à mesure que les pratiques inspirées par le CSRD et l'ISSB se diffusent à l'échelle mondiale.
  • Le renforcement des capacités est essentiel, en particulier en ce qui concerne la double matérialité, les données relatives à la chaîne de valeur et l'établissement d'un lien entre la durabilité et le financement.
  • Les institutions de conseil et de développement (y compris la SFI) peuvent jouer un rôle clé pour combler le déficit d'exécution en soutenant les systèmes de données, les capacités de gouvernance et la planification de la mise en œuvre.
    Ce qu'il faut retenir de la plateforme "Beyond the Balance Sheet" (Au-delà du bilan) : La divulgation en tant qu'outil stratégique
    Pour le public de la plateforme Beyond the Balance Sheet, le message principal est clair : un rapport de haute qualité sur le développement durable est une capacité stratégique, et non une tâche annuelle de mise en conformité.
    Alors que les entreprises sont confrontées à des attentes croissantes de la part des régulateurs, des investisseurs et des marchés, celles qui investissent dans l'exécution - systèmes de données, contrôles, gouvernance et intégration stratégique - seront mieux placées pour traduire leurs engagements en matière de développement durable en un impact réel.
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